Terreur du désir
Excision, clitoridectomie, infibulation ou castration ont généralement pour objectif d’imposer aux autres, un contrôle de soi et de ses désirs pulsionnels, actes qui continuent à être effectués au nom des traditions culturelles
Excision, castration, mortification et autres mutilations sexuelles, en cause principale: les religions
Dans la plupart des traditions religieuses, on retrouve les idées de purification, de souffrance physique et de mortification (Souffrance que s’imposent les croyants pour faire pénitence). Ces pratiques veulent forcer les victimes à se soumettre aux traditions et à se tourner vers un dieu.
Ce n’est qu’en1902 que le pontificat de Léon XIII interdit la castration. Au XVIIIe siècle, Alphonse-Marie de Liguori, docteur de l’Eglise, voulait déjà interdire cette pratique barbare, sans y réussir.
Durant la Renaissance, l’Eglise pratiquait la castration. Sous Clément VIII (1592-1605), les castrats étaient intégrés aux chœurs de la chapelle Sixtine à la condition, toutefois, que l’opération soit effectuée avant la puberté !
Bien que la castration soit interdite depuis 1880 en Inde, une partie de la population persiste à la pratiquer juste après la puberté sur des jeunes garçons : les hijras, transgenres ou travestis.
Une autre pratique, bien moins radicale, est parfois interprétée comme une manière de lutter contre les excès du désir masculin dans le judaïsme : la circoncision du prépuce, symbolisant l’alliance de Dieu avec Israël.
Le grand philosophe juif Moïse Maïmonide (XIIe siècle) explique que la circoncision, en outre, a pour but « d’affaiblir l’organe, afin d’en restreindre l’action et de le laisser au repos le plus possible… Le véritable but, c’est la douleur corporelle à infliger à ce membre et qui ne dérange en rien les fonctions nécessaires (…) [à la procréation], mais qui diminue la passion et la trop grande concupiscence ». Notons que la circoncision est également pratiquée en islam, sans revêtir de caractère obligatoire. Il s’agirait plutôt d’une coutume participant de la «perfection de l’homme».
Origine des pratiques de l’excision et de la circoncision
Dans un ouvrage paru en 1954, « Nations nègres et culture : de l’Antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique noire d’aujourd’hui » , le scientifique sénégalais Cheikh Anta Diop avance une théorie inspirée par les travaux de son professeur, l’ethnologue français Marcel Griaule, dont il fut étudiant doctorant à l’Université de Paris. D’après lui, l’excision et la circoncision en Afrique auraient la même origine. Toutes deux seraient issues de la tradition dogon (Mali) selon laquelle Amma (Dieu chez les Dogons) a eu deux enfants, des jumeaux appelés Nommo, à la fois mâle et femelle.
Le retrait du clitoris est vu comme l’ablation de la partie mâle et érectile chez la femme, tandis que la circoncision consiste à amputer l’homme de sa partie femelle, molle et humide
Ce serait suite à ce mythe Dogon que les pratiques de la circoncision et de l’excision auraient débuté : ablation de la partie perçue comme féminine du sexe (le prépuce) chez les garçons et de la partie perçue comme masculine (le clitoris) chez les filles, afin de positionner clairement chaque enfant dans son sexe et son genre. Toujours selon Anta Diop, ces rites se seraient par la suite répandues sur le continent. Mais la pratique de l’excision fut rapidement abandonnée dans plusieurs régions de l’Afrique, tandis que la circoncision se pratique encore massivement aujourd’hui.
En Asie comme en Chine, l’existence d’eunuques est attestée depuis le VIIe siècle avant notre ère.
Sources:
Actuabd
« Les mutilations sexuelles au prisme des religions » Le monde
« Marquage religieux: Excision, circoncision: le pouvoir des hommes sur l’enfant! » Le monde